mardi 11 mars 2014

Volume(s).


}} écrit avec beaucoup de marche
et la sublime récente découverte de Vincent Courtois {{


quelque chose se meut quelque chose s'amplifie
un nouveau volume a pris place parmi les autres volumes
entre des jours entre des peurs (l'autonomie quotidienne vacillante perpétuant la menace de l'institutionnalisation, perdre le dialogue avec Izlé, se rapprocher du rendez-vous de pneumologie)
ayant oublié encore une fois que les peurs sont de fulgurants déclencheurs de clarté si celles-ci sont honnêtement considérées, écoutées, conscientisées

il y a quelque chose de typiquement pulmonaire, respiratoire, là-dedans 
:
à mesure des dernières peurs je me suis concentré à respirer, à sentir profondément ce thorax d'où beaucoup est questionné et stress-stocké
les peurs seraient comme une mauvaise inspir d'où l'on entraîne en réalité une expir fébrile, et lorsqu'on effectue une expir il y a comme une inspir qui s'y bouscule
une respiration à direction opposée
là où il y a eu le déclenchement d'apposer plutôt que d'opposer
:
trouver l'inspir avec le support de l'expir, et vice-versa, c'est-à-dire accepter que l'angoisse précipite les deux et, plutôt que de vouloir forcer une séparation, chercher en quoi elles peuvent s'apposer, se permettre quelque chose l'une à côté de l'autre, l'une en équilibre de l'autre, l'une en appui de l'autre
alors la respiration s'est amplifiée
créant entre l'inspir et l'expir un nouveau volume

volume densément vivant
volume qu'aucun/e chiffre/statistique d'EFR ne pourra déceler car il se situe dans un nouvel interstice
des interstices qui ouvrent d'autres interstices
comme si j'avais une nouvelle poutre dans le thorax, consolidant de l'aération, soutenant la musculature, rendant les tissus boisés
descriptions pouvant paraître fantasques, alors que

...



*


sa mère avait dit que les derniers mois avant qu'il meurt, ceux de notre rencontre (deux ados handis s'étant amourachés un peu comme ça sans jamais se l'être dit), avaient été assurément les plus heureux de sa vie, que ses proches ne l'avaient jamais vu autant sourire et paraître léger
« il riait depuis Charles, il est mort heureux »
la plus belle chose entendue dans ma vie
pourtant personne n'a jamais dit que dans les 2 ou 3 derniers mois je le lâchais Frédo, je n'arrivais plus à entendre ce qu'il ressentait de frustrant de son handicap, son impossibilité de normalité, comme le vélo de course qu'il aimait tant et voulait faire comme ses frangins
Frédo j'avais déjà tellement de force en moi, tellement l'envie de vivre sans m'arrêter aux impossibles, je me disais qu'il fallait que tu les éprouves par toi-même ces impossibles qui t'obsédaient, pour saisir leurs alternatives, la force de vie qu'ils recèlent, que je ne pouvais pas t'accompagner là-dedans, je ne suis pas fait pour cela...
j'avais déjà déserté lorsque tu es mort, ta mère a dit que tu étais heureux, moi j'ai le sentiment de t'avoir laissé dans un désert
j'en ai parcouru plein des déserts depuis toi (je t'ai toujours retrouvé dans ces déserts, tu es comme un scarabée avec tes cheveux brillants très noirs et tes yeux d'un profond silence), il se peut même que j'ai appris à les aimer, je ne veux plus y retourner mais j'ai beaucoup de gratitude envers leurs apprentissages arides
mais je te retrouve de mieux en mieux en dehors des déserts, dans toutes les zones de vie que je déploie en me disant fréquemment que j'aurais voulu que tu vois comme il est possible de vivre, comme il est possible de vibrer à partir de tout ce que tu possédais déjà en toi
je ne sais pas quel deal tu as passé avec la maladie, Frédo, je ne sais pas qu'est-ce que tu as foutu de partir si tôt, des fois je ne peux m'empêcher de maudire que tu te sois pourri de validisme... tu vois comme je suis dur, tu vois pourquoi je me suis barré pour ne pas être le bâtard à te dire tout cela
je suis pourtant resté bâtard
mais je vis Frédo, je vis au-delà de tout ce que tu aurais pu espérer, je vis en te l'hurlant au fond de moi si souvent ; parfois j'ai l'impression de ceci : je vis autant que tu es mort, je vis à mesure de ce que tu es mort m'a impacté
c'est cela qui te faisait sourire, n'est-ce pas, que je sache autant vivre
peut-être que tu en souris toujours
et peut-être que tu n'es pas prêt d'arrêter de sourire
parce que je ne suis pas prêt d'arrêter de vivre, tu sais
il y a quelque chose d'incandescent en moi, j'en suis le premier étonné
il y a quelque chose qui ne s'éteint pas, qui ne s'enflamme pas non plus, mais qui se diffuse, comme lorsque tu poses des bougies dans chaque nouveau recoin sombre que tu découvres, et alors par la flamme (douce) de la bougie tu te rends compte que le coin dispose d'une architecture dont tu peux trouver de nouvelles postures et de nouvelles orientations
je vis de plus en plus
autant que je voudrais que tu le ressentes
possible

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