lundi 28 février 2011

Zone euphotique céleste.



27 février 2011,
un dimanche de marins
d'averses glaciales et d'éclaircies multicolores.

dimanche 13 février 2011

Défaire l'amour.

Il y a beaucoup, mais alors beaucoup, d'expressions que je ne comprends pas. Plus que de l'in/compréhension je dirais que je ne saisis pas visuellement, sensoriellement l'expression, sa figuration me paraît complètement déséquilibrée et le raisonnement chute. L'expression m'échappe ou bien me dérange (grince).

Ayant cette disposition inexpliquée mais apparemment fondamentale de tout réfléchir et/ou ressentir depuis des « images » internes - abstractions ? modélisations ? -, de formes et de couleurs (les formes priment), je conçois littéralement la plupart des expressions. Je pense que beaucoup de personnes considèrent que je crée moi-même une sorte d'univers poétique avec cette mentalité imagée, alors qu'en réalité ma volonté n'est pas la première source de production en la matière ; bien au contraire il s'agit d'un agencement automatique, ce qui fait entre autre que la plupart des expressions me parviennent justement de cette façon automatique, littérale, brute.
Exemple : avec l'expression « avoir un compas dans l'oeil » je ne parviens pas sur le coup à prendre du recul pour considérer le sens secondaire, mon esprit projette immédiatement le sens primaire, la visualisation d'une pointe de compas enfoncée dans une cornée oculaire. Si c'est dans un dialogue avec quelqu'un-e alors je bloque et me sens mal à l'aise.

Ceci pour dire que ma façon de réfléchir le monde de façon fortement visuelle n'est pas une intention poétique (même si je peux souvent en dégager du plaisir), dans la mesure où bien souvent ça me freine dans pas mal de compréhensions collectives/sociales. 
Je le gère pour autant de mieux en mieux, notamment j'utilise cette « capacité » comme un outil depuis mes études universitaires jusqu'à mon travail professionnel : lorsque je dois traiter un thème je visualise littéralement le paysage / l'architecture / le mécanisme de ce thème, je n'analyse plus prioritairement intellectuellement mais visuellement. Je rédige en me baladant dans des paysages et/ou en « provoquant des formes » (je ne sais pas comment dire, comme actionner une mécanique des formes).

*

Suis retombé hier sur une expression qui m'a toujours mis mal à l'aise.
« Faire l'amour ».
D'accord d'accord, cette expression je connais depuis longtemps sa signification, sa mise en application, ses enjeux universels.
Mais ce verbe : faire. ==> Comme une tenaille moderne.
Peu de dérivés, comme « faire du sex », ne me conviennent, j'y perçois un impératif industriel (je vois : une usine fabriquant du vent), j'y entends toute l'inconsistance des expressions du faire : « faire du chiffre », « se faire du bien », « faire attention »...

L'« amour » n'a pas grande consistance dans son mot lui-même à vrai dire pour moi, mais je vais éviter d'épiloguer dessus. Si ce n'est cela : l'amour n'a pas de mot, je considère fortement que c'est un innommable, mais alors je considère encore plus qu'il - elle ? - n'a pas à avoir de verbe, qu'il ne nécessite surtout aucun activateur.
Car le-dit amour est en lui-même activateur, pour moi lui en obliger un autre l'annule.

Justement la sensation que « faire » consiste en une expression d'annulation. Falloir & faire sont les grands vides modernes, ils brassent des courants d'air.
Là où l'amour serait un vent insaisissable, si ce n'est de se laisser planer dedans suivant les va-et-vient.

En réfléchissant à tout cela, j'ai... pas vraiment réfléchi mais été capté par plein de formes-images. Dont un flash : une scène entre amant-e-s dans le film "Kippur" d'Amos Gitaï, que j'ai vu il y a plusieurs années mais dont je reste subjugué de deux corps qui s'enlacent dans de la peinture, créant un mélange de formes (peaux=masses, peinture=fluides) et de couleurs mouvantes. Ceci pouvant profondément représenter pour moi le-dit « faire l'amour », une composition à la fois avec et sans corps, concentration et déplacement, solide, fluide, nébuleux, avec des couleurs sans nom.




J'ai cherché sur le web cette scène de "Kippur", je ne l'ai pas trouvée [mis à part la mini photo ci-dessus], mais j'ai déniché quelque chose de ressemblant, du manga "Mind Game".
Que voici. Je conseille toutefois d'éviter la bande musicale.





Faire l'amour ne se fait pas.
Vivre quelqu'un-e surgit, implose, explose, sourit, s'envole, s'amuse, s'apprend, s'équilibre, blesse, effraie, allume, oriente... Rien à faire.