samedi 27 juillet 2013

Pain rassi (bon).

 










 





Pote : « Avant tu ne croyais quasiment personne, depuis [le Prince] tu ne crois absolument plus personne. »

J : Tu peux arrêter de toujours penser que je me force avec toi ?
C : Non, je ne crois pas.
J : C'est chiant. Je ne me force pas, mais tu n'y crois pas.
C : Peut-être que tu te forces mais que tu ne t'en rends pas encore compte.
J : C'est n'importe quoi.
C : C'est n'importe quoi et ça existe. Ça maintenant j'y crois.


J'ai fermé l'écriture, la photographie et la parole. Carier les émotions, abcès transparents. Je danse avec le temps, comme un vinyle silencieux qui tournerait. Amnésie de micro-instants, ne rien noter, ne rien conserver, pour ne pas chercher à se rappeler et encore moins à comprendre. Ne pas haïr ni n'aimer, ne pas s'attacher, pleine plaine, la poussière en comptabilité d'existence. Niveler ses impressions, ratisser étroit. 
S'avouer vaincu. Sans vainqueur.


samedi 6 juillet 2013

Pépé au Texas.

Il va se passer quoi si je ne te dis plus rien.
Non pas que je n'ai plus rien à dire. « Rien » serait le paquet cadeau asphyxiant de « trop [dire] », il l'emballe, il le cache, il soyons-raisonnables.
Qui a inventé « trop » ? Je n'ai jamais compris. Est-ce qu'on dit à l'océan qu'il a trop d'eau, au ciel qu'il est trop bleu ? « Trop » est l'armure des peureux-ses, tu le sais, et une armure c'est silencieux en petites écailles de fuites. Moi ça me rend mutique vos armures reptiliennes, il n'y a plus d'épiderme, il n'y a plus de territoire d'existence à partir de vos carcasses tremblantes.

Je n'ai plus envie de donner.
J'ai vu ce film de Wim Wenders dans le train, le gamin avec son cerf-volant rouge cardiaque, voilà, juste prendre le vent ou pas. J'ai arrêté l'image, j'étais devant cette fenêtre du wagon qui fait défiler les éoliennes entre Paris et l'Atlantique, un peu absent à tout je les ai regardées tourner, là aussi prendre le vent ou pas. (Dira-t-on d'une éolienne qu'elle prend trop le vent ?)

*

Je déteste quasiment ce blog pour tout ce qu'il a dit d'inutile ; l'écriture est un fantasme, sa recherche de réalité est une garce. Dire me semble une perte de temps faramineuse, et une arnaque sans fin, un creuset à pickpockets.
Si ce n'est y mettre fin par du faire. Je parle du faire des petites banalités, de celles qui vous font tomber ému-e-s des choses, des faits, des êtres vivants dont tout le monde se fout.
Moi je ne fais plus grand-chose. Parce que je suis vieux dans mon corps, une journée est une montagne rocailleuse. Parce que les galères technico-pratico-politico-financières d'autonomie/s liées au handicap moteur ont réussi à me laminer en profondeur [l'ADV précédemment espéré exemplaire se révèle exponentiellement abusif]. Parce que j'ai aimé tellement de gens qui crachent sur la vie, sur leur vie et celle qu'on leur tend, que ça me donne souvent l'impression de nager dans de la bave.


Je ne fais plus grand-chose, mis à part sourire dès que possible. 

Véritablement comme mon grand-père : assis silencieux à journée entière sur son banc, ne demandant rien mais ne refusant jamais de rire et de s'amuser de la moindre joie qui vient s'asseoir à côté de lui. 
C'est peut-être cela faire grand-chose.