mercredi 27 février 2013

35.9

Dimanche : courbatures à la nuque d'avoir dansé comme un juvénile à Zombie Zombie, courbatures aux poignets + cuisses d'avoir bourriné au fitness. Helichrysum Italicum H.E. mon amour.

Puis fièvre.
Fièvre. 
Et fièvre.
La-collègue-à-baffer au boulot ne respire que pour les dialogues inutiles, particulièrement lorsque je suis concentré à rédiger des synthèses :
- [beugle] baaahh alooors Charles t'as remarquéééé là que tu travailles avec un bonneeeet et une échaaaarpe !
- Hmm hmm... d'la fièvre...
- AAAAHHH mais faut prendre un Doliprane.
- Pris y'a 10 minutes...
- Ah bah dis donc, parce que bon #^¤#~^¤@#~~&*@% [et je n'entends plus...]

La semaine dernière une autre collègue me montre un photo-montage du directeur torse nu en empereur (ou je ne sais quel truc dont je cerne à peine l'humour), j'essaie de déconner version bienséance sociale que ouais je reconnais bien ses pectoraux, et la collègue de rugir « ah bah ça y eeeest Charles tu te lâches, heiiin, le mariage pour tous va passer alors hein, tu peux te lâcher maintenaaant ! bah de toute façon tout passe en France, c'est comme ça [marmonne], même ça, heiiin, la France ça laisse tout passer... alors vas-y quoi... »
Je me suis demandé quel goût aurait la viande humaine.


*


Il y a quand même plus que majoritairement du bon au taf. Comme trois vieilles jouant au Scrabble :
- "Cougar" ça existe ?
- Oh oui oui... Même c'est moderne.
- C'est quoi ?
- Vous ne connaissez pas ?! [la frimeuse]
- Non...
- Si je crois... Ah mais non. [l'Alzheimer]
- C'est une femme âgée qui aime n'avoir des relations qu'avec de jeunes hommes.
- Ooohhhh...
- C'est spécial. Une vieille avec un jeune, quoi, vous voyez.
- Roohhh...
- Eh oui.

Due mal à ne pas me marrer depuis mon bureau. Les vieilles hypocrites effarouchées alors qu'elles perdent quasiment leur dentier en souriant dès qu'un jeune employé les salue. :)


*

 
Ici j'ai la nausée socio-politique :
http://miss-handifrance.zipanatura.fr/ ,
je vais éviter de lister comment c'est déplorable à différents niveaux, si ce ne sont les textes qui m'ont tués, on dirait l'Ecole des Fans pour adultes ou du Tournez-Manège... Je crois - je veux espérer - que ce n'est même pas du mauvais validisme intégré, mais du pur mauvais goût frenchy. Si ce n'est la crétinitude de n'importe quel concours « miss / mister », sauf que généralement ça m'est indifférent.

Pour autant côté USA pour une fois ce n'est pas mieux avec le film "The Sessions" (et Sundance tu m'attristes). 
Vraiment du mal avec le côté : l'handi beau et lettré (vrai), mais qui attend +35 ans pour s'autonomiser sexuellement, et puis d'ailleurs qui n'a qu'à se faire la main (...) sur ses employées féminines et confondre le rôle d'une sexual therapist [l'assistant-e sexuel-le : ou comment les handi-e-s quémandent elleux-mêmes du cul spécialisé, sans assumer que n'importe quelle rencontre sexuelle nécessite divers niveaux d'attentions & apprentissages]. Au final le gars je le trouve niais. Je veux bien que le handicap corporel ou/et le validisme compliquent les rencontres intimes mais franchement il y a toutes sortes d'handi-e-s adultes qui se rendent neuneux à attendre qu'on les épanouisse (le fameux « droit à l'amour », fortement absurde, comment vouloir se stigmatiser tout en prétendant défaire les stigmatisations), du coup ils/elles stagnent sans se remettre en question qu'à 30 ans ils/elles ont toujours un esprit pré-ado de 13 ans... vas-y comme c'est sexy.
Donc l'éternel cliché véhiculé en cinémascope, ce qu'espèrent d'innombrables handi-e-s : que l'assistant-e sexuel-le tombe éperdument amoureux de ce-tte gentil-le handi-e à la mentalité pré-pubère et à la séduction miséricordieuse (le personnage du film à la fin qui s'adresse à une potentielle conquête en lui balançant « eh au fait vous savez je ne suis plus vierge ! », non mais le moindre valide de 38 ans exprimant cela ce serait plutôt pathétique). Je ne dis pas que ça ne peut pas arriver, mais en faire son unique spot de drague c'est l'angoisse.

Et puis je suis blasé des mecs handis, généralement les tétras, qui s'émerveillent de long en large sur la fââââmme, créature céleste qui leur a fait découvrir la vie depuis leur bite, ces femmes attribuées d'un halo pour oser avoir ouvert les sentiers de l'amoûûûr, déesses à jamais remerciées bla-bla-bla... Là où passées les belles paroles la meuf va souvent se retrouver l'ADV (gratos) de l'handi à 85 % du temps, réduire sacrément ce qu'elle aime faire de non-access dans sa vie pour se dévouer corps et âme à son petit tétra jaloux comme un poux, se désocialisant peu à peu parce que femme = sacrifice, l'handi parfois évoquera vaguement qu'il culpabilise tout en lui beuglant dans l'espace domestique « bon tu viens tourner la 245ème page de mon bouquin là ou quoi ?! ». 
Le nombre de mecs handis que j'ai vu « vouloir » une partenaire comme réparation de leur handicap plutôt que comme élaboration d'une relation mutuelle, qui n'évoquent quasi jamais ce qu'eux permettent de bénéfique/s à leurs partenaires valides...

Bon, par contre j'avoue que dans ce film les scènes techniques d'entraînements sex sont plutôt judicieuses.
Merci notamment d'avoir stipulé que pour les tétras les cunni sur le dos c'est la suffocation quasi assurée si la partenaire n'a pas les adducteurs endurants (merci de vous muscler). :) 


*


Non mais sérieux...




jeudi 21 février 2013

Pump up the jam.

W. avait relativement raison (relativement = cf mon orgueil ;)) que la pratique de salles de sport peut faire partie d'un rapport addictif, du genre : ce n'est pas la fiesta dans ma vie bien maquillée, j'ai évité le suicide raté, j'ai arrêté de cloper sans boursoufler physiologiquement, je ne me branle plus que 3 fois par jour en me concentrant sur Nietzsche... je n'ai qu'à me défoncer en cardio-training dans un hangar surpeuplé.
Sauf que.
Il y a toujours du rigolo dans les basses trivialités. Si si, presque une raison de vivre chez moi.

Le directeur de cette salle de sports, déjà. Un inquiétant morphing entre Franck Dubosc et ce que j'imagine d'un chanteur finlandais pour jeunes adolescentes. Je ne sais pas si c'est son hétérosexualité primaire ou son autodafé intellectuel qui est remarquable à la première seconde.
Mon premier jour il se la joue évidemment très cérémonieuse pour m'accueillir, il tient fièrement à m'escorter jusqu'à mon minuscule pédalier. Il s'adresse à la coach fitness du jour tout en parlant de moi ainsi : « Bah ouais t'vois c'est trop important pour lui de venir ici, en dehors du prétexte du sport [con démesuré] il s'agit aussi de se socialiser [espèce de demeuré en voie-de-disparition-j'espère], et puis cette machine spécialisée ça lui permet de... ça lui permet... de... », me regardant :
- Hein ça vous fait du bien ?!
- Oui oui... [j'hésite à baver]
- Et puis j'imagine que si vous en faites beaucoup ça peut peut-être vous permettre de... de...
- [ahaaahh] ... De ?
- Ben je veux dire, peut-être que vous... [me scanne de la tête aux baskets, limite nauséeux]
- Hmm ?
- Euh vos jambes, tout ça... peut-être que vous pourriez...
- Me mettre à marcher ?
- OUIIII ! [je présume : son premier orgasme sans les mains]
- Ah... [je feins le sourire d'espoir quelques secondes, il quasi chiale... puis j'affiche un visage mi-ferme mi-exultant] Bah non.
Là ce fut le profond vide neuronal pour lui.


Ensuite il y a le coach avec un prénom de littoral ouest américain, jeune & viandifié corporellement, à croire que sa mère a accouché en courant sur un treadmill. Lui évidemment il veut tout de suite m'aimer, ou plutôt il est persuadé que je vais l'aimer. 

Il m'accueille :
- Bon tu me fais signe quand tu sors des vestiaires, je t'accompagnerai jusqu'à ta machine.
-
Euh... [n'y compte surtout pas, et genre tu me tutoies comme si on avait échangé nos doigts dans nos anus ?]
Évidemment je surveille à la sortie des vestiaires qu'il ne soit pas dans les parages, je fonce solo vers mon pédalier. Sauf qu'il apparaît fringant lorsque je commence à m'installer :
- Ah mais attends je vais t'expliquer comment fonctionne cette machine ! [sourire nucléaire-bright]
- Non non mais merci, ça va, je connais.
- Ah tu connais ? Bon... En tout cas je trouve cela génial que le centre ait décidé d'acheter cette machine adaptée, hein.
- Euuuh ouais, surtout que cette machine c'est la...
- Hey mais t'es sûr que tu ne veux pas que je t'explique !
- Je pense que ça devrait aller puisque c'est ma...
- Tu sais vraiment t'en servir ?
- En fait, hop, écoutez : c'est la mienne.
- ... Quoi ?
- C'est mon pédalier. C'est moi qui ai proposé à votre centre de l'installer ici, notamment pour que d'autres handi-e-s puissent en profiter puisqu'aucune salle de sports en France n'aurait ce réflexe.
- Wooaaahh... [là il a 14 ans]

 
Je commence à pédaler en installant mon lecteur mp3. Sauf qu'il ne bouge pas, il me regarde avec ses petits yeux de nourrisson sous weed. Je lui dis du fond de ma mâchoire :
- Vous n'allez pas rester comme ça à me regarder faire mon sport ?!
- Ah, ça te gêne ?
- Oui carrément.
- Bah alors juste les premières minutes. Je veux voir comment tu fais.

Et il reste planté, les jambes écartées sur le tabouret de bar comme si son existence s'imposait irrémédiablement entre ses cuisses. J'ai une compilation de meurtres sauvages et novateurs qui défilent en cinémascope dans mon esprit.
Il essaie de me dire un truc, j'indique « Ah désolé je ne vous entends pas avec la musique... » Il part en tentant de garder l'air cool, en somme la tendance de sa vie.




mardi 12 février 2013

Taf.

Y'a peut-être pas un seul jour au boulot sans penser à cet extrait.
(Et le même sourire de con & l'énergie à bloc quand je bosse avec les vieux / vieilles. En fait c'est super facile de filer de la joie aux autres.)



"Blue Valentine"
Derek Cianfrance, 2010


///


Lendemain matin,
mercredi 13 11:00,
mon fauteuil en panne,
> en panne pour je ne sais la combien de dizaines de fois depuis que j'ai emménagé dans cette ville Atlantique (handicaps ici = hypocrisies & rentabilité commerciale), je ne compte plus les jours où j'ai dû soudainement annuler tout mon agenda et être immobilisé au lit, je n'ai jamais vécu cela en une quasi trentaine d'années en fauteuil ; ce n'est même plus humiliant, ça tue insidieusement de l'intérieur/extérieur
> en panne alors que ça fait +2 mois que j'annonce au pre$tataire en charge du fauteuil qu'il y a des dysfonctions informatiques de plus en plus inquiétantes, répon$e semaine dernière à cela : payez 3700 € de modules électroniques $i vous voulez être réparé
> les deux travailleuses sociales ultra-fantoches me proposent lundi de faire un dossier pour acquérir un nouveau fauteuil = une course aux financements de minimum 6 mois, donc 6 mois sans que je dispose d'une autonomie corporelle (quasi impossible d'utiliser un fauteuil de prêt, je ne peux conduire qu'un fauteuil adapté à ma motricité de façon millimétrique).

Appelé le service technique expliquant que je suis bloqué sur le fauteuil dans une position inconfortable, la secrétaire demande nonchalamment à quelques techniciens autour d'elle semblant en pause café s'ils peuvent me conseiller quelque chose : « éteignez puis rallumez votre fauteuil », WTF c'est évidemment le premier réflexe que j'ai eu ! Et ce sera leur seul conseil, ils disent - via le secrétaire - ne pas pouvoir m'aider.
Je dois attendre que le chef d'atelier me rappelle éventuellement cet après-midi, sachant qu'il y a de fortes chances pour qu'il me dise comme la dernière fois que nous sommes mercredi et « mercredi c'est déjà presque la fin de semaine » alors qu-ils/elles ne pourront pas intervenir avant le milieu de semaine prochaine, que de toute façon il ne voit pas quoi faire d'autre si je ne commande - minimum 10 jours de livraison - pas les modules à 3700 € (à acheter au fournisseur parisien maximum-dollar qu'il est impossible de joindre au téléphone car étant à Genève, New York, etc.)...