mercredi 15 janvier 2014
Animaliste.
Pour le travail en interne d'une équipe, j'ai dû rédiger mes étapes biographiques. J'y ai mis du temps pénible, brouillardeux, agacé ; comme une torsion interne lubrifiée de vomis.
N'ai compris que le lendemain ce qu'ai listé entre les lignes (c'est toujours ainsi, le sommeil est un lecteur).
Listé :
_ que lorsque je me suis mis à l'écart de la majorité des camaraderies scolaires
_ que lorsqu'en parallèle il s'est fréquemment créé des rencontres fortes et troubles avec des profs
_ que lorsque mes partenaires intimes ne comprenaient pas comment je communiquais (je me suis rappelé la Violoniste me criant parfois « mais parle, exprime, PARLE ! », des moments où la parole ne pouvait surtout pas être mon premier langage)
_ que lorsque je pouvais aisément enchaîner des diplômes universitaires mais que je décrochais par épuisements des univers estudiantins
_ que lorsque les divers-e-s psychothérapeutes avouaient à un moment que ce n'était plus tant une psychothérapie mais un échange bouleversant pour elleux (moins pour moi)
_ que lorsque j'intégrais une équipe professionnelle avec l'échec annoncé de ne pas parvenir à jouer les liens sociaux (ne pas aller discuter à la machine à café s'avère outrage, etc.)
_ que lorsque j'ai passé durant une décennie d'innombrables soirées à juste vouloir danser, seul (yeux fermés), ne pas vouloir séduire ni pouvoir dialoguer du fait d'hyper-sensorialités environnementales
j'étais autiste.
Que je suis autiste.
Dans tous mes ratés de vie je suis autiste. Qu'en moi ce n'est qu'un univers puissant, d'une précision impeccable, d'une poésie permanente, d'une générosité douce. Mais que pour les autres ça ne semble que des chocs, des mal-à-l'aise, des envers / revers, des épuisements.
{Tant que je vis je reste persuadé qu'il est possible de s'apprendre, qu'il est possible de se découvrir sur des ponts et de s'emmener sur nos territoires, si tant est que la patience humble, l'attention douce & l'esprit d'alternatives joueuses/créatrices veulent s'échanger, se distiller. Si j'apprends si finement et sans relâche depuis toujours les us#et#coutumes neurotypiques, au point d'être ce compétent caméléon, l'inverse peut exister.}
Je suis ce sale autiste qui burn-out, shut-down, panic-attack. Je suis ce sale autiste qui perdra tout lien humain s'il aperçoit la poussière de 12:30 neiger ravissante dans les rayons de lumière. Je suis ce sale autiste pédant, suffisant, intransigeant. Je suis ce sale autiste qui oublie la faim, le sommeil, la fatigue, et dont la mémoire est un amoncellement de sensations mais jamais de mémorisations. Je suis ce sale autiste qui saisit infiniment les moindres détails mais ne comprend que très peu les globalités. Je suis ce sale autiste qui dégaine des milliards de questions d'un gamin de 5 ans pour en créer une encyclopédie de sages vieillards. Je suis ce sale autiste qui paraît à peine autiste tellement il a appris à faire propre.
Nektor m'assimilait à Nijinsky, Bro m'appelle Sherlock Holmes, et d'autres me comparant à toutes sortes de personnages frappadingues.
Je me dis dernièrement que suis bien plus un animal qu'un humain. Et que je cherche des humain-e-s bien plus animaux. Je crois que c'est Nietzsche qui a dit que l'homme est malade de lui-même car violemment séparé de l'animal ; je ne suis pas un fin connaisseur de Nietzsche mais je peux parfois approuver, comme ici.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Peut-être que dans tous les ratés de ta vie tu es autiste, mais ça implique aussi (et heureusement), que dans toutes les réussites de ta vie, tu es autiste. Et pas que "aussi". Mais aussi "parce que".
RépondreSupprimerEt puis les "échecs" ou "ratés" d'ordre social ne peuvent pas n'être attribués qu'à une partie. Un rapport social quel qu'il soit implique plusieurs parties, et ces autres sont tout autant 'responsables' de l'échec/du raté...