Image mentale.
Hier soir, dans le bus.
(Oui, encore le bus... J'aime véritablement les transports en commun, je n'ai jamais pensé que ce sont des endroits spécialement tristes où « les gens tirent la gueule ». Je pense qu'il y a un rapport particulier au mouvement linéaire et à une séquence temporelle courte, un déplacement-comète où chacun-e peut se laisser aller, se laisser trans-porter durant quelques dizaines de minutes. J'y vois plutôt dans les visages du relâchement, une détente hypnotisée par le mouvement qui vibre dans le corps immobilisé. De ce fait, j'aime voir des voyageurs avec un regard égaré, avec de la musique dans les oreilles, ou en train de s'endormir. Je n'y vois pas souvent de léthargie sociale, mais un court espace-temps où il est possible de laisser glisser les imaginations. Comme une parenthèse dans la course urbaine.)
Une femme, 25-30 ans, debout près des portes. Un caban d'un noir très foncé, qui attire mon regard, le noir m'étant généralement lumineux. Son visage ressort particulièrement pâle - lunaire - de cette grande veste feutrée sombre. Au moment où je me rends compte qu'elle est très belle, elle est en train de lire un message sur son téléphone et de sourire. Un sourire qui me semble particulièrement intime, très intérieur, qui n'a pas conscience de se montrer à l'extérieur d'elle-même. Elle déplace son regard du téléphone, comme pour ressentir ce qu'elle a lu, puis, le regard dans le vague, se remet à sourire. Du même sourire aussi discret qu'éclatant, mais cette fois-ci nettement plus concentré dans ses yeux. Je prends la photo de ce sourire. Et je me rends compte alors que je souris pareillement.
Elle tape une réponse sur le téléphone, se laissant souvent hésiter, détournant le regard de l'écran pour revenir au même sourire presque imperceptible et pourtant évident. Je ne sais même pas si elle termine son message, elle serre le téléphone dans sa main gauche, et enfonce son regard ailleurs dans une image qui n'appartient qu'à elle, mais sa joie flotte paisiblement tout autour d'elle.
Elle descend à l'arrêt de la gare. J'ai envie de la suivre, de découvrir un jour ou l'autre qui est la personne forcément sublime qui lui délivre de tels sourires. Comment leurs sourires se regardent.
Je l'observe se diriger vers la gare, elle ne marche pas, elle volute. Lorsque le bus tourne et que je ne la vois plus, je me rends compte que je suis toujours en train de sourire.
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