dimanche 24 novembre 2013

Papillotes.

















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Il y a des fois où en rentrant lentement du cinéma par les petites rues, ou en ouvrant les yeux à 4:00 de la nuit, il y a juste quelque chose qui manque. Il y a quelque chose qui manque, qu'on aimerait bien manquer, laisser là et retourner à ce qu'il faut. Mais ça manque tellement qu'on comprend à peine ce que c'est.
On cherche, on fait des petites listes. Il y en a déjà trop, elles bouchent les artères. Il y a cette guérisseuse qui se fait appeler à l'occidentale « ostéopathe », dont le cabinet semble sorti de Manhattan (avec des photos d'amérindien-ne-s aux murs), qui en posant sa paume sur mon thorax dit « oh... vous avez très mal au coeur... », je ne veux pas lui répondre et je suis venu pour une douleur à la clavicule. Elle va allumer une bougie et de la musique classique doucement (Vivaldi, je crois), « je voudrais que vous écriviez les blessures sur des papiers et que vous les brûliez ensuite » dit-elle. Je lui dis que j'écris déjà beaucoup, sûrement trop, elle insiste « oui mais notez et brûlez ce qui vous fait autant mal ». Bêtement autistique je réponds que j'aurais peur que ça brûle les gens qui sont là-dedans, que quoi qu'ils/elles aient fait ce sont des personnes belles à qui je ne veux pas de mal. Elle sourit. Au moins elle.
On ne peut pas brûler des abandons, puisqu'il n'y a plus, que le terrain de vie a été délaissé. On ne va pas brûler les souvenirs puisqu'ils ont constitué des parcelles qui sédimentent aujourd'hui. On tente de brûler la peine par toutes les joies possibles, on ne refuse rien, on l'a déjà dit. Et lorsqu'on n'y arrive pas alors on rentre lentement du cinéma par les petites rues, on ouvre les yeux à 4:00 de la nuit.

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