Je me demande souvent en ce moment si les valides en marchant sur le bitume dans la rue ressentent les pas des passant-e-s proches ?
Je n'ai pas concrètement posé la question. J'ai encore envie de me le demander, d'observer pour déceler une réponse. L'impression que non.
Je m'oriente dans la rue avec toutes sortes de vibrations auxquelles je me concentre à la réception. Au plus important les voitures dans mon dos lorsque j'emprunte majoritairement la route (les trottoirs sont une fourberie), je peux - dois - les sentir comme « tirer » le sol quelques mètres avant (comme froisser un tapis).
J'essaye de ressentir les pas - vibration osseuse + vague épidermique - des personnes avec qui je marche, mais je pense qu'il me manque d'avoir les pieds au sol pour nettement mieux percevoir. Je capte bien plus l'air de l'autre provoqué par ses mouvements, même de très petits. Plus que de l'air la sensation serait aquatique, comme si nous étions dans l'eau et que l'un pousse de l'eau vers l'autre, contact aussi solide que fluide.
Hier je marchais avec cette assistante dont j'adore la démarche, j'étais pressé pour me rendre dans un lieu qui me déplaisait donc nous évoluions plutôt rapidement, mais même d'ordinaire la démarche de cette personne est d'un rythme dynamique/balancé que je trouve quasiment parfait. J'avais de la musique dans les oreilles, ce qui augmentait probablement le plaisir du mouvement.
Je suis quelqu'un de speed lorsque je suis dehors, trop speed, et j'apprends depuis tout juste quelques années à marcher lentement avec de rares autres. Je crois que j'aime de plus en plus cela, me caler au rythme de quelqu'un-e qui savoure les pas. Je remarque depuis peu que j'ai alors souvent envie de me serrer contre cette personne, comme pour ressentir le tempo de la lenteur à même un corps qui marche.
Marcher ne me manque pas (parce que je ne connais pas ?).
Comprendre peut fondamentalement me manquer.
Ressentir est vital.
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