dimanche 28 mars 2010

Olivier Messiaen, conférence de Notre Dame, 1977

« Il est puéril d'attribuer une couleur à chaque note. Ce ne sont pas les sons isolés qui engendrent des couleurs, ce sont les accords ou mieux les complexes de sons. Chaque complexe de sons a une couleur bien définie. Cette couleur va se reproduire à tous les octaves, mais elle sera normale dans le médium, dégradée vers le blanc (c'est-à-dire plus claire) en montant vers l'aigu, rabattue par le noir (c'est-à-dire plus sombre) en descendant vers le grave. Au contraire, si nous transposons notre accord de demi-ton en demi-ton, à chaque demi-ton il va changer de couleur.
Voici, par exemple, un complexe de sons qui donne un ensemble : cendré, vert pâle, mauve. Si nous le transposons dans l'aigu en le changeant d'octave, il sera presque blanc, avec quelques reflets de vert et de violet très pâles. Si nous le transportons dans le grave, en le changeant d'octave.
Il sera presque noir, avec des reflets de vert et de violet très foncé. Si, maintenant, nous le transposons un demi-ton plus haut, il sera vert émeraude, violet améthyste et bleu pâle. Si nous le transposons un peu plus haut, il donnera des bandes obliques rouges et blanches sur fond rose à dessins noirs. En le transposant un demi-ton plus bas, il sera blanc et or ; un ton plus bas, nous aurons des cristaux couleur terre brûlée, violet améthyste, bleu de Prusse clair, marron chaud et rougeâtre, avec des étoiles d'or...
Et comme la musique use de milliers, de millions de complexes de sons, comme ces complexes de sons sont toujours en mouvement, se faisant et se défaisant sans cesse, ainsi les couleurs qui leur correspondent donnent des arcs-en-ciel entremêlés, des spirales bleues, rouges, violettes, oranges, vertes, qui bougent et tournent avec les sons, à la même vitesse que les sons, avec les mêmes oppositions d'intensités, les mêmes conflits de durée, les mêmes enroulements contrapuntiques que les sons... »


***...thanx Bro...***

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire