vendredi 13 janvier 2012

Des êtres-fugue.

Une douzaine de secondes avant de repartir le tram s'est arrêté ce soir devant une cabine où était assis un jeune « type » dont il était impossible de définir s'il s'agissait d'un garçon ou d'une fille.
Cet être vivant avait le style social d'un garçon, puis dès que son expression de visage changeait - il discutait et rigolait avec une fille - j'alternais : en fait c'est une fille, non c'est un garçon, mais il est divinement beau comme une fille, si c'est une fille elle a une gracieuse séduction de garçon... Ainsi de suite.

Je voulais savoir... et à force de le/la regarder je ne voulais plus du tout savoir.
Il y avait toute une planète dans ses traits, ses gestes, ses regards. De superbes fines lignes ne dessinant que la passerelle entre féminité et masculinité, à peine quelques basculements, plutôt des balancements. Alternatif hypnotisant.
Cette personne était d'une beauté insaisissable. Quelque chose à la Brandon Teena dans une version moderne de Pierre et Gilles.

J'avais presque oublié que ce sont les plastiques vivantes humaines qui me subjuguent le plus. Ce modèle était poussé à un extrême d'indistinguable troublant, presque trop pour moi, quasiment érotique au travers de la vitre.
Je me suis demandé pas mal de choses. Notamment si l'érotique est justement cela : ne jamais pouvoir savoir vraiment. (Probablement pour moi.)

*

J'ai vécu intimement avec des personnes dont on disait qu'elles étaient physiquement « belles » et « troublantes », ce qui, à côté de moi, réactive d'emblée la Belle & la Bête. "On disait" se situait très clairement dans des regards plus que dubitatifs de « comment ce pâle nabot tétraplégique peut-il être avec quelqu'un-e de si séduisant-e ?! » ; j'en souriais lorsque mes partenaires s'en foutaient avec classe et subtilité, mais j'ai moi-même jamais compris quelles ont pu être ces combinaisons improbables.
Tout ce que je sais : je suis captivé terriblement, profondément par la grâce intellectuelle, émotive, imaginative, surprenante de quelqu'un-e (+ douceur indispensable, un art). Des personnes qui ne sont jamais là où le monde attend, dont l'intelligence est libre.

Et je suis aujourd'hui persuadé de cela : des esprits étonnants ne peuvent qu'habiter des corps charmants. Ce n'est que comme cela que j'ai vécu les soi-disant beautés labélisées par les ont-dit.
J'ai été le partenaire de garçons troublants comme une goutte qui n'est pas encore tombée, et de filles qui savent parler à l'or. Tou-te-s silencieux, comme une nouvelle planète secrète.



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