==> Janvier 2012 : j'ai reçu 85% de réponses négatives. Non sans avoir fait preuve de persévérance. De l'inaccessibilité la plus commune, « la seule entrée se se fait par 3 marches », à la plus absurde, « vous pourrez rentrer dans la salle de cours par une porte accessible mais durant le cours (le soir) nous devons activer la sécurité incendie et vous ne pourrez plus sortir ».
Ce n'est pas l'apanage de cette ville de l'Atlantique - qui, je le rappelle, se targue d'être une des meilleures villes françaises accessibles en matière de handicaps... - mais de toute la conception des notions d'accessibilité/s en France. Le domaine du handicap n'est pas ouvert à une soi-disant « citoyenneté » mais complètement cloisonné à la sacro-sainte « spécialisation ». Les entrées publiques pour les personnes handies sont spéciales (« réservées »), la grande tuerie de la spontanéité est par exemple qu'il faille toujours appeler/prévenir des heures voire des jours avant de son arrivée en fauteuil électrique dans un bâtiment pour que l'arrière porte 38 de la petite rue 4FG2 puisse être ouvert entre 13h21 et 13h25 afin de pouvoir emprunter l'ascenseur 671 emmenant au demi-étage du personnel de service où il est possible d'utiliser l'ascenseur 50F qui s'ouvre en plein milieu d'une salle de l'exposition voulue... La liberté spontanée ne peut plus exister, les horaires sont à rallonge, les déplacements/mouvements multipliés en bien plus de fatigue.
Tous les formulaires annonçant fièrement au public que tel lieu est accessible aux « personnes à mobilité réduite » (i.e. rendue réduite) s'avère en huis clos une accessibilité de pacotille (combien de fois fait-on entrer les handi-e-s par la porte du local poubelles ?) où le handicap reste un à côté social.
J'évoquais des activités dans lesquelles je souhaite inscrire une partie de mon temps, mais évidemment dans le reste de quotidienneté les choix sont tout autant réduits : boulangeries, bibliothèques, cafés, librairies, cinémas, salles culturelles, piscines, lieux de conférences, cabinets médicaux et vétérinaires, hôpitaux (!), magasins d'alimentation, gares, piscines... la liste, quiconque la connaît.
Le handicap est assurément une fabrication systémique bien plus que la prétendue malheureuse inhérence.
Mon handicap ne me retient jamais d'aller à l'opéra ou d'emprunter un livre dans une bibliothèque, je n'ai aucun problème majeur à engager mes envies, c'est leur concrétisation externe qui fait défaut. Le mur n'est pas en moi.
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Et je ne cesse de m'intéresser aux murs, à leur organisation architecturale notamment.
J'ai un atout énorme : je perçois extrêmement vite et précisément les environnements matériels, les détails et leurs ensembles. Avez-vous déjà vu ces scènes de films où l'on voit comment un Terminator visualise l'environnement, avec des cadrages, des zooms, des sélections de détails comparés ? Eh bien je vois pour ainsi dire comme cela. :)
Les combinaisons de dysfonctionnements ou d'aberrations architecturaux je les évalue très vite. (Dans un pays plus positif je pourrais aisément être consultant aux accessibilités, en France c'est impensable, il faudrait que je prouve des années de diplômes dont la plupart des lieux d'études me sont... inaccessibles et inadaptés.)
Cette vitesse, cette rapidité, entraîne un autre avantage : si je comprends vite les erreurs de structurations matérielles, alors je recherche aussi vite leurs solutions, les possibles à agencer. (Plus exactement l'évolution vertueuse serait : 1. adapter par combinaisons, plutôt que par reconstructions 2. concevoir en systémique, plutôt que sur-ajouter une spécialisation [cf l'inadéquat cahier des charges des accessibilités handies pour les architectes !] 3. pluraliser la banalité, que les accessibilités n'existent même plus par labellisation.) Mes yeux passent leur temps depuis 3 décennies à bricoler mentalement, à « mapper » des réparations d'absurdes techniques.
Il y a quelques années je voulais consacrer du temps à rechercher des créations architecturales ayant conçu des accessibilités simples et intelligentes.
Car toute la notion d'accessibilité moderne à base de domotique (qui dérive de plus en plus dangereusement à un outillage de contrôle, soit dit en passant) et d'ascenseurs/élévateurs en tout genre et en toutes pannes ne correspond pas du tout à ce que je conçois de simple et intelligent. Encore une fois il est fait de l'accessibilité quelque chose de complexe, de spécialisé, et donc de coûteux, de consommant, de limité, d'ubuesque en matière législative, etc. La course au meilleur est parfois la victoire au pire.
°°° Voici un exemple positif abouti.
De 1933, yep !
Que j'ai trouvé et pu visiter il y a quelques années, à Saint-Etienne.
Et ce qui est tout à fait possible est généralement tout à fait reproductible :
comme ici le campus Ed Roberts
à l'université de Berkeley en Californie ;
et je n'ai pas trouvé d'images, autant que je n'en ai pas de moi-même, mais j'ai pu aussi utiliser une telle rampe de ce genre sur plusieurs étages à la récente médiathèque de Poitiers.
Ingénieux, n'est-ce pas ?
(Pas encore parfait : ici il y a souci des personnes fatigables qui doivent descendre/monter la rampe en marchant sur 7 étages... Un complément de chaise à pédale manuelle sur treuil est imaginable. :))
Il s'agit ici de réalisations spécifiques pour une alternative - remplacement ! - aux escaliers et aux ascenseurs, ce qui est déjà immense, pour autant il est bien évident que les accessibilités concernent une multitude de situations techniques/architecturales.
Mais il n'est pas faux que les escaliers constituent une des religions les plus sectaires... Est-ce que je souhaiterais la disparition totale des escaliers ? Absolument pas, je peux aimer visualiser de beaux escaliers, autant que je comprends leur utilisation pratique. Leur dictature réside dans l'absence d'alternatives, de mixité.