vendredi 26 avril 2013

Lettre à Marie R.


Neptune, printemps timide 2013


Marie,

il manque parfois de choses certaines, toutefois voici celle-ci : nous ne nous connaissons pas.
Bonjour // Bonsoir.
Il n'empêche que vous êtes une figure publique, que je suis de ces stalkers banalement modernes à lire entre autres votre Twitter, et qu'il est probable que nous partagions les messes de Ben Frost et autres prodiges sonores, que nous aimons nous enfiler des Sexy Sushis, que le bleu gagne le pourpre de notre sang, que nous nous pâmoisons devant pas mal d'arts, que nous considérons la poésie des interstices absolument vitale, que nous ne cesserons jamais d'être avides de sourires, que nous parcourons les peaux comme des bibliothèques infimes.
Etc.
Introduction de quelques points communs, mais à vrai dire forcément : nous sommes humain-e-s.

Je crois que vous écrivez comme vous inspirez.
Je crois que j'écris comme j'expire. [...]
J'imagine que vous recevez des forêts entières de compliments quant à votre travail. Votre voix (cela dit vous ne l'avez pas choisie, cela dit vous choisissez de ne pas crier), votre clarté, votre amusement, votre ténacité. Moi voilà ce que je me permets de vous dire aujourd'hui. 2012 – pour faire bref – a été une année acide, comme l'énième milliardième humanoïde je suis tombé sous le charme de personnes n'ayant pas tardé à en faire un peu > beaucoup > à la folie n'importe quoi. Hier dans en train rentrant de Paris jusqu'à ma cabane [...] je réfléchissais à comment vous écrire, vous décrire ce morceau 2012, et j'ai plutôt trouvé un bruit : vous savez lorsqu'une benne à verre est soulevée par une grue qui va vider tous les débris dans un camion conteneur, vous percevez ce bruit de bris de verres qui chutent en très grand nombre ? J'avais décidé à une époque que ce serait le bruit des étoiles si une nuit elles se mettaient à tomber par terre, dernièrement j'ai trouvé que ça a plutôt été le bruit de ma tristesse 2012.
Là où vous entrez en scène Marie : je pense que les lectures de votre blog, votre écriture là-bas, a été envers et contre tout ce qui m'a fait le plus de bien au creux/coeur de la peine (ceci avec la musique, salvatrice depuis toujours elle aussi [...]). « Envers et contre tout » : je pouvais pleurer au fond de mon parquet et vouloir m'étrangler avec les artères de mes ventricules cardiaques, à chaque fois que je vous lisais je retrouvais une miette moelleuse d'humanité. Vous ne pouvez pas savoir comme ce n'était pas gagné à cette récente époque, mes ami-e-s pourraient peut-être vous le témoigner mais ils/elles sont tellement splendides que les rencontrer chacun-e vous nécessiterait une seconde vie et je conçois que vous avez bien assez à projeter de la vôtre actuelle.

En fait ça veut dire : merci.
Merci d'écrire aussi amplement dans la profondeur des petits riens qui sauvent l'estime des jours. De chuchoter dans le cou des gens. Je ne doute pas que des jours vous êtes pourrie jusqu'à la moelle comme qui_con_que, mais je consacre volontiers vos/les beaux côtés.
Et ce n'est même pas tant pour vous flatter rapidement (ou massivement), ces morceaux de survie desquels vous avez contribué sans le savoir je ne les ai attrapés que pour éviter l'euthanasie de mon égocentrisme. Je ne suis plus le même depuis la benne à verre, évidemment, mais je n'ai pas perdu dans la mutation le plaisir sanguin de vous lire.

[...]

J'ai été trop bavard. Être anonyme mais déjà autant s'imposer...
Une dernière précision : à vrai dire j'écoute peu votre émission radio, je dois vous informer que c'est bien plus mon chat, MiniChat, qui l'écoute. Puisque volontairement je lui allume la radio en partant bosser généralement le midi. En rentrant je lui demande souvent s'il vous a entre autres entendue, si c'était intéressant. (Il y a des soirs où je podcaste.) Et les rares fois où je rentre plus tôt, c'est un cadeau de vous entendre en arrivant dans ma pièce.

Merci pour vos cadeaux.



Charles


jeudi 18 avril 2013

Yeux couleur fond de baignoire.


Réveil pisse-de-sang. 
Colmatage chimie dégueu, double-bind médical « n'en prenez vraiment pas trop, c'est toxique, mais par contre prenez-en vraiment dès que vous avez mal », ouais les rigolos sauf que j'ai continuellement mal.

Où commence et où s'arrête l'épuisement...  
[Plus l'énergie d'écrire ?]
Envie de rouler une violente sauvage pelle à la prochaine personne me disant « mais il faut que tu te reposes ». Commesic'étaitsimple.

Maîîîs souriant comme un marteau-piqueur, pimpant comme une enclume.
Fardé de nouvelles ankle boots vegan, essayant d'adapter des chelsea boots vegan à ses foutues attelles orthopédiques (rêve-t-il), il ne tardera pas à se choper des brogues repérées. Orgasme :
http://www.zappos.com/osiris-nyc83-vlc-bright-neon-orange.


J : « Water. You. Pee. »
C : « Kiss. Your. Ass. »
J : « Désespéré ! »
C : se marre.

Jo qui saute dans en train depuis Paris pour se faire un aller-retour goûter du dimanche à ma cabane et qui amène une tripotée de vinyles pour des heures d'écoute et de discussion musicales, c'est juste Noël-comme-ça.
Dont cette merveille,


Le reste de la vie n'est pas très subtil.
) Purée je ne veux pas être le premier pédé à se marier qui va se faire péter la tronche par des fafs (voire : des gens courants) à la sortie de la mairie... Actuellement : l'homophobie enfin visible par tout le monde, les potes hétéros qui hallucinent.
) Encore & toujours des fights in situ avec la SNCF dont le trophée de l'hypocrisie revient à ce Monsieur Valide Spécialiste de la Clientèle Handie made in SNCF :



Son concept de la « vitesse industrielle » est tout de même épatant de lâcheté moderne. Qu'est-ce qu'on apprend bien à parler en école de commerce.
Demain train pour Poitiers, puis Paris ce week-end : je parie ses quelques poils de torse au Monsieur 1- que son personnel me fera rater au moins un train, 2- que je devrais me retenir comme un malade de pisser dans ses trains (avec des reins actuellement saignants), 3- que son formidable personnel sous-payé-sous-formé oubliera au moins une fois de me descendre d'un train, 4- qu'on se retrouvera plusieurs handi-e-s coincé-e-s dans un minuscule espace faussement aménagé, 5- que l'électricité plus que nécessaires à la plupart des handi-e-s (machine respiratoire, etc.) ne fonctionnera encore pas dans le wagon, 6- hmm je laisse un peu de surprise !

En attendant,




mercredi 10 avril 2013

Huis road movie clos.

vendredi train et éoliennes vers Paris pour Valgeir Sigurðsson et Colin Stetson en oreilles en sourires en peurs s'endormir pour se réveiller en lueur d'ozone parisienne fragrance urbaine enclenchant l'indicateur pulmonaire irrité autour d'un verre avec M. tamisée de rires toujours complices sauf moi crispé à se questionner sur l'humanité à offrir sans y croire sans y voir clair se coucher miteux à l'hôtel se promettant de bien travailler le lendemain petit soldat objectant les douleurs grandissantes dans les organes ventraux qui se taisent un instant sur une terrasse de La Villette dans les bras de la Violoniste murmurant « tu es un gars bien et ça va aller tu sais » heureuse de ma barbiche et moi de sa nouvelle coupe jusqu'à ce que la douceur joue au poker durant la nuit pour se réveiller fauché au petit matin avec des reins en feu de quelques hurlements de cutter organique dont le SAMU dépose son samedi matin sans croissant dans un box des urgences de la Salpêt' d'où Jeanne textote « à ce soir » et moi dissimulateur lui rappelant de ne pas oublier de prendre une banane vivifiante dans son sac pour sa journée de danse alternant secrètement négociation avec l'externe-ignare de ne pas me perfuser mais de me shooter d'anti-douleurs « pour tenir 48h juste 48h » non sans m'échapper contre avis pour contrat vie jusqu'à l'heure du métro d'où je suis en retard pour cause d'Acupan flagrant et Jeanne de me rejoindre en voulant savoir ce que je fous « un dimanche soir dans une pharma de garde à Tolbiac » hmmm minimiser l'engueulade honnête pour maximiser ses sourires et réussir à dilater de la douceur calculant discrètement le rapprochement des heures d'horreur lorsque la chimie descend et que d'une promesse à yeux verts « tu te fais hospitaliser dès que tu rentres » j'avance le lendemain mon train en trajet maximum shooté-douloureux et de la gare Atlantique je prends le bus vers le CHU d'où la perf s'avère impossible pour faiblesse veineuse et le sang dans les examens garantissent une nuit à la Cour des Miracles déployant du personnel gentil semblerait-il ému par mon calme doux d'analyse situationnelle même sous douleurs aiguës « entre 5 et 9 » depuis +72h transposées hier sous surveillance conditionnelle à domicile avec Kétoprofène mon amour ahurissant-abrutissant à espérer pisser de l'or plutôt que de l'épuisement tellurique d'où je sais

qu'
il n'y aurait plus de point
puisque
nous attendons quelques virgules